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AL LIZHERENN

Pas d’idée mais du pétrole… dans vos assiettes!

Pas d’idée mais du pétrole… dans vos assiettes! C’est en substance ce que pourrait bien révéler une étude commandée par la Commission européenne. En effet, 28 Etats membres sont chargés par Bruxelles de rechercher la présence de deux dérivés du pétrole dans 18 produits alimentaires qui vont être placés sous surveillance au cours des deux prochaines années.
Mais quels sont donc ces produits potentiellement contaminés ? La liste suivante est pour le moins anxiogène de par son étendue :

Graisses animales, pain et viennoiseries, produits de boulangerie fine, céréales pour petit déjeuner, confiseries (y compris le chocolat), chair de poisson, glaces et desserts, graines oléagineuses, pâtes alimentaires, légumineuses, saucisses, fruits à coque et huiles végétales.

Quant aux deux dérivés pétroliers, ils répondent aux noms de MOAH (Mineral Oil Aromatic Hydrocarbons) et de MOSH (Mineral Oil Saturated Hydrocarbons) et sont des hydrocarbures d’huiles minérales. La contamination des aliments par ces deux substances se ferait via les « lubrifiants des machines utilisées pour la récolte et la production de denrées alimentaires, les auxiliaires technologiques, les additifs alimentaires », selon les indications de la Commission européenne.

Cependant, les éléments cités précédemment ne sont pas les seuls vecteurs de transmission de ces hydrocarbures vers les produits alimentaires puisque les emballages en carton recyclé gorgés de résidus d’encre d’imprimerie contiennent également des MOSH et des MOAH. Plus les aliments ont une longue durée de vie, plus ils ont le temps de faire le plein de MOAH.

Une fois cela exposé, nous comprenons mieux la tâche qui va incomber à l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Elle va devoir, d’ici au 28 février 2019, collecter tous les résultats d’analyse révélant l’ampleur de la contamination. Ce plan de surveillance de grande ampleur est motivé par les effets néfastes sur la santé de ces deux huiles minérales, selon la communication de l’Union européenne :

« Les MOAH peuvent agir comme des cancérogènes génotoxiques, tandis que certains hydrocarbures saturés d’huiles minérales (MOSH) s’accumulent dans les tissus humains et sont susceptibles d’avoir des effets néfastes sur le foie. »
En analysant avec un peu de recul toutes ces informations, que pouvons-nous en déduire ?

Qu’il s’avère que ces deux dérivés pétroliers sont reconnus comme dangereux pour la santé, qu’ils sont présents dans une variété considérable de produits, mais que les autorités européennes en charge de la question préfèrent encore attendre deux ans afin d’observer plutôt que d’agir. Drôle de posture.

Car le moins que l’on puisse dire, c’est que le sujet n’est pas nouveau. Et pour cause, l’Agence française de sécurité alimentaire avait déjà mis en garde il y a plus de cinq ans sur l’exposition du consommateur à ces substances chimiques en mettant en avant leur caractère dangereux pour la santé. Mais cette mise en garde n’avait reçu aucun écho et il n’existe toujours pas d’obligation, pour les acteurs de l’agroalimentaire, d’empaqueter leurs produits dans un sachet étanche ou doublé d’un film protecteur. Ce qui aurait permis d’éviter, en partie, la contamination des denrées alimentaires par les hydrocarbures d’huiles minérales aromatiques.

Une absence d’obligation en matière d’emballage qui s’accorde avec une absence de limitation réglementaire quant à la quantité à ne pas dépasser en matière de MOSH et de MOAH contenue dans les aliments. À la vue des enjeux économiques et des volumes de produits concernés, il est assez facile de comprendre la réticence des industriels à se pencher sur la question. Les consommateurs un tant soit peu soucieux de leur santé et de celle de leurs enfants en tireront les conclusions nécessaires.

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