Laissé pour compte à partir des années 1960, le blé noir fait un retour remarqué dans les cuisines bretonnes. Mais pas uniquement. Il vient ainsi reprendre sa juste place tandis que les farines en provenance de Chine et de l’Est européen lui ont grillé la priorité. Sans en avoir les qualités.
Depuis le XVème siècle
La culture du sarrasin en Bretagne est datée au XVème siècle. Cette plante appartient à la même famille que la rhubarbe et l’oseille. Elle présentait alors de nombreux atouts. Tandis que sa culture était relativement facile, le blé noir avait aussi la caractéristique d’être un répulsif naturel. Son cycle de croissance se fait entre cent et cent cinquante jours et le sarrasin peut tout aussi bien être semé sur des terres peu fertiles. Voilà de quoi expliquer en grande partie son succès de l’époque.
Mais, modernisation de l’agriculture aidant, le blé noir va connaître un sérieux déclin à partir des années 1960. L’heure est alors à des cultures plus productives et le blé, le maïs ou encore l’orge viennent prendre sa place. Au point de tomber dans l’oubli.
30 % de farines bretonnes seulement
Malgré qu’il soit de nouveau plébiscité en cuisine, la production bretonne de sarrasin n’a pas retrouvé sa superbe d’antan. Alors que l’on comptait 100 000 hectares en 1950, la Bretagne n’en compte plus aujourd’hui que 3 000. La conséquence étant que seulement 30 % des farines de blé noir vendues dans les commerces de chez nous sont effectivement bretonnes.
Pour le reste, il faut donc faire appel aux importations. Des pays de l’Est comme de la Chine. Une quantité qui n’est pas synonyme de qualité puisque ce sarrasin importé manque cruellement de goût.
Une IGP comme protection
C’est donc dans cette optique de protection et de différenciation que s’inscrit l’association Blé Noir Tradition Bretagne. L’entité, fondée en 1987, comprend aujourd’hui quelques 1 400 producteurs de sarrasin. Ainsi que neuf meuniers. C’est grâce à ce travail de fond conduisant à une revalorisation du produit que le blé noir breton a obtenu une IGP (Indication Géographique Protégée) en 2010.
De quoi rassurer le consommateur quant à la provenance et au mode de production de cet « or noir breton ». Mais cela permet aussi de garantir un prix de revient minimum aux paysans commercialisant leur sarrasin.
Au-delà des traditionnelles crêpes de blé noir, les recettes utilisant la précieuse céréale se multiplient désormais. Parmi elles, bières, pâtes mais aussi chips ou encore whiskies viennent rappeler que le Pays Breton sait parfois se souvenir de son histoire pour en tirer le meilleur.
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Crédit photo : karantezvro.bzh